Non à l’opération Macron

Tout est fait, c’est désormais parfaitement clair, pour préparer un second tour dont le vainqueur serait presque obligatoirement le candidat issu de l’écurie Hollande, le chouchou des médias, l’homme au programme vide, Macron. Certes quelques naïfs droitiers et centristes, éternels continuateurs de ceux que Beau de Loménie appelait les « grands habiles » misent à nouveau sur cette écurie et son poulain pour promouvoir ce qu’ils appellent les « réformes » sans jamais que soit précisé de quelles dispositions législatives il s’agirait.

Interrogeons-nous d’abord sur l’environnement institutionnel qu’utilise la manœuvre.

Tout est véhiculé bien sûr via les gros moyens de la désinformation, eux-mêmes fabriqués par une corporation qui veut nous faire croire qu’elle est objective, qui se veut intouchable, mais qui vote à gauche à plus de 85 %.

Précisons au besoin que la Cour des comptes quand elle ouvre les dossiers de France-Télévision, c’est-à-dire du cœur de ce quatrième pouvoir dépendant de l’exécutif en tire des conclusions effarantes. Les gens qui prétendent incarner la « morale » ne se l’appliquent certainement pas à eux-mêmes. (1)⇓

N’est-il pas pittoresque de s’interroger quant à une autre partie du pouvoir d’État, l’autorité judiciaire, et donc de se souvenir comment a été constitué le parquet national financier. Celui-ci a été créé par Christiane Taubira en 2014. Garde des sceaux celle-ci y a placé ses amis. Le procureur de ce parquet, Éliane Houlette, était commissaire du gouvernement auprès du Conseil des ventes volontaires. Elle doit sa brillante promotion à la ministre, laquelle a également constitué une équipe de procureurs adjoints et vice-procureurs parmi ses très proches … Rappelons aussi à ce sujet qu’en France, le parquet, et particulièrement le parquet national financier, n’est pas indépendant du pouvoir exécutif.

Les derniers soubresauts médiatiques de la campagne électorale n’ont donc, eux aussi, à cet égard, pas manqué de produire leurs effets sondagiers. Pour la première fois en effet un des deux plus récents sondages, celui commandé par Les Échos et Radio Classique à la société Elabe, plaçait, dès le 1er février, le candidat Macron favori de l’élection présidentielle où il arriverait second au premier tour. (2)⇓

Rien n’étant plus mouvant et plus incertain, en fait, qu’un sondage d’opinion, on ne disputera pas ici de la qualité respective des deux. On se contentera de noter que celui d’Elabe, institut présidé par Bernard Sananès, popularisé par Radio Classique et les Échos entre parfaitement dans le dispositif, réel et non virtuel de ce qu’il faut bien appeler l’opération Macron.

Ce à quoi vise ce mécanisme est vieux comme la cinquième république. Mais, depuis un demi-siècle, le projet n’avait jamais abouti au résultat désiré par ses promoteurs. Depuis le complot de l’Alma puis du cartel des Non de 1962 jusqu’aux premières illusions de la campagne Hollande de 2012 la grande idée de tous ces intervenants a, bel et bien, toujours été de tendre à un retour de la IVe république par une coalition socialo-centriste. Mais comme le pâté d’alouette cet assemblage inégal composera un cheval social démocrate et une alouette centriste voire droitière. Ne nous laissons pas prendre à cette candidature qui ne repose sur aucune doctrine, qui se refuse à développer, pardon à « dévoiler » un programme et qui laisse entendre qu’il acceptera généreusement les voix de la « droite orléaniste » (sic) en passant par « l’écologie réaliste » et le gaullisme social. Il prend cependant bien soin, quand il révèle, chichement, certains points de sa doctrine, globalment secrète, de ménager les pires poncifs du socialisme, tels que l’État stratège ou le modèle social, etc.

Il faut donc dire clairement non à cette opération Macron.

 

Ne pas se tromper de patriotisme

Les jours et les semaines passent. Et ces derniers temps la campagne présidentielle a doucement glissé vers le caniveau et le feuilleton, perdant l’essentiel de son intérêt.

En ce 13 février on ne pouvait donc que partager le vœu de Nicolas Beytout dans son éditorial de l’Opinion (1)⇓. Il est grand temps que s’organise le débat.

Deux semaines plus tôt, votre chroniqueur imaginait encore que les vraies questions allaient s’imposer, tout simplement parce qu’elles se posent au pays de façon cruciale.

De sorte que, le dimanche 29 janvier, étant cloué devant mon poste de télévision ma curiosité ou mon ahurissement passager m’avaient conduit à entendre l’expression coup sur coup de deux définitions du patriotisme. Je me surpris successivement, en effet, à visionner d’abord, et jusqu’au bout, un petit reportage consacré à Florian Philippot. Après quoi, sur La Chaîne Parlementaire, d’entendre le discours de La Villette de François Fillon.

Depuis ce dimanche, dois-je l’avouer, j’éprouve le sentiment d’avoir absorbé une dose maximale du feuilleton électoral, non que ces deux émissions aient manqué d’intérêt mais parce que visiblement les gros moyens de désinformation n’en ont rien retenu pour l’intérêt du citoyen.

Pour la première partie de cette après-midi dominicale, exceptionnellement télévisuelle, la découverte d’un personnage qui jusque-là ne m’était connu que superficiellement m’a surpris. Au delà de quelques déclarations et prises de positions plus urticantes que vraiment éclairantes, on se trouvait en présence d’une vraie cohérence, celle d’un fils du jacobinisme, venu de la gauche. Il se revendique certes du gaullisme, ce que l’on sait depuis le début, et qui peut faire sourire eu égard à l’histoire d’un parti, fondé il y a près d’un demi-siècle sur la dénonciation de la « vente de la France par De Gaulle en viager au parti communiste ».

Quand on l’écoute de bout en bout, aujourd’hui, on demeure frappé, au contraire, par cette sorte de complaisance, qui s’exprimait dans le programme commun de la gauche rédigé en son temps par Chevènement, un mentor que Philippot ne semble pas vouloir renier.

Quant au second discours, celui de François Fillon, les journalistes moralistes n’ont pas voulu voir que, s’adressant à ses partisans, il n’avait manqué ni de style, ni de détermination, ni de contenu. On nous assure que cet orateur est devenu inaudible : il fut pourtant entendu ce jour-là par des milliers de partisans, peu impressionnés eux-mêmes par les gazetiers et les radioteurs.

À propos de son intervention, qui m’a semblé éloquente, je laisse la parole à Libération du 30 janvier qui écrit : « Le bon discours de François Fillon à la Villette pourra-t-il le sauver ? Le candidat LR a multiplié les formules bien venues, les envolées électrisantes et les confessions tout en retenue vibrante. Le candidat de la droite n’est pas mort, loin de là, et il peut espérer survivre en tablant sur l’amnésie progressive de l’opinion et sur un dossier judiciaire qu’il pourra plaider (c’est à l’accusation de prouver l’emploi fictif). »

Or, ces quelques lignes qui disent pourtant bien ce qu’elles veulent dire, étaient noyées dans un commentaire plus général, basé sur des impressions virtuelles, suggérées par les supputations plus ou moins gratuites avancées, au conditionnel, par d’autres médias.

La vraie question centrale supposerait un examen de l’état réel du pays. Les gens lucides le demandent de plus en plus fortement.

Or, nous nous trouvons à un moment où l’étiquette patriotique a repris une certaine popularité. Elle fonctionne, hélas, à contre sens. Aucun penseur politique n’a plus fortement que Charles Maurras, ni plus intensément que lui, pensé en termes de patriotisme et il y a consacré des pages et des pages dont les meilleures se retrouvent dans son indispensable Dictionnaire Politique et Critique. (2)⇓

Or, contrairement à une partie de ceux qui, aujourd’hui, prétendent qu’ils continuent son combat, le mot véritable dont il habille sa doctrine est celui de nationalisme. Horresco referens nous dit Philippot pour qui nationaliste signifierait vouloir envoyer les chars à Berlin ! Maurras, qui pourtant avait beaucoup de mal à aimer fût-ce « quelques grands Germains candidats à la civilisation » (sic !!!), n’a jamais pensé en ces termes. Son nationalisme lutte contre l’ennemi intérieur, contre la décadence, contre la bêtise : cela fait déjà beaucoup de travail. Le nationalisme intégral, sous sa plume, est celui qui conclut à la nécessité de restaurer la monarchie.

Car le vrai patriotisme ce n’est pas celui du supporteur de l’équipe de France de rugby, c’est celui du citoyen qui se préoccupe de défendre le meilleur programme, les meilleures institutions susceptibles de redresser le pays.

À cet égard Maurras se montra toujours très critique à l’endroit de Paul Déroulède et de sa Ligue des Patriotes qui, sous la Troisième république, militent en faveur de l’élection du président au suffrage universel.

En 1908 il écrit : « L’élection du chef de l’État par le peuple nous a déjà livré en 1848, en 1852, 1870, à ces puissances de publicité et d’argent, à cet absurde gouvernement d’opinion… »« Le dictateur plébiscité est le serf de la ploutocratie comme Roossevelt (3)⇓

ou le serf de l’opinion publique comme Napoléon III. »

En 1909 il va jusqu’à conclure : « il va falloir sauver la France de Déroulède »

 

  1. Les trois volumes sont édités dans la collection Climats chez Flammarion. ⇑
  2. cf Cahiers de la Quinzaine, n° 11, 1899⇑
  3. il s’agissait de Théodore Roosevelt… ⇑

Bleu marine

Vous êtes-vous déjà intéressé à l’Histoire qu’on enseigne sur les bancs de l’école ? Eh bien, vous devriez. Car elle pourrait bien changer de ton dans les années qui viennent. Dernièrement, la direction m’a envoyé à Londres pour un incentive, et j’ai pu revnir avec plusieurs participants sur l’une des propositions de la dernière primaire de droite. Pour faire simple, plusieurs candidats (dont Fillon) voulaient purement et simplement remanier les manuels d’Histoire proposés par l’école : ils souhaitaient présenter une version patriotique de l’Histoire de France, où cette dernière serait présentée différemment, comme une terre fondamentalement patriotique et gauloise. En somme, il s’agissait de revoir toute notre Histoire et y introduire une bonne dose de story-telling pour la rendre plus vendeuse. En général, ce qu’apprennent les mômes à l’école ne mobilise pas des masses. A part une poignée de cathos qui se sentent en permanence offusqués, personne n’y prête vraiment attention. Mais ce qui a été proposé est un peu plus important cette fois. Cela participe en fait d’un glissement à l’échelle de la société toute entière, un glissement si global que nous n’y prêtons même plus attention : un glissement vers l’extrême-droite. Ces dernières années, la droite a été en partie absorbée par le Front National. A force de vouloir gratter sur les terres du FN, Sarkozy a fini par laisser la couleur bleu marine teinter fortement son programme, et l’a ensuite laissé se répandre dans la société. Qui aurait pu penser, il y a à peine dix ans, que des politiciens hors FN puissent sérieusement soutenir de refaire l’Histoire afin d’inspirer un plus grand patriotisme chez les élèves ? Un patriotisme réservé aux blancs gaulois plutôt qu’à l’ensemble de notre société multiethnique ? L’on ne peut plus parler de plaire aux voix du Front National : le discours de certains candidats LR a ouvert en grand les portes aux idées du Front National. Et cette diffusion de l’extrême-droite dans les esprits constitue à mon sens un sérieux problème. Il est probable que nous nous en mordions les doigts d’ici quelques années. Soit dit en passant, j’ai adoré cet incentive à Londres. Voilà d’ailleurs l’agence qui l’a mis en place, si vous cherchez des idées pour vos événements.

La gauche et son retour vers le pseudo-futurisme

170126Dans sa livraison déjà datée de février la revue « Philosophie Magazine » s’interroge : « De quoi la gauche est-elle malade » ? L’article vedette y est constitué d’un entretien par échange de courriels avec un philosophe que, je l’avoue, je ne connaissais pas jusque-là en la personne de Jean-Claude Michéa. Désormais retiré dans une grande ferme du sud ouest cet ancien professeur de philosophie de Montpellier cultive l’intransigeance vis-à-vis de ces « intellectuels postmodernes de gauche » qu’il appelle à combattre. Après avoir publié une « Impasse Adam Smith » en 2002 et « L’Empire du moindre mal » en 2007, il vient de livrer « Notre ennemi le Capital ». (1)⇓

Le titre pourrait se suffire à lui-même. La thèse centrale est ainsi résumée : « Si l’on veut réellement rassembler la grande majorité des classes populaires autour d’un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste – et non pas simplement accroître ses privilèges électoraux, – il faut impérativement commencer par remettre en question ce vieux système de clivages fondé sur la confiance aveugle dans l’idée de progrès »… Car, pense-t-il, ce que l’on considère comme le progrès, aujourd’hui, c’est le contraire de ce en quoi les gauchistes veulent croire.

Au moins, avec un tel penseur, les choses sont claires. Et le lecteur se retrouve en pays de connaissance pataugeant dans les thèses que vulgarise Benoît Hamon dans le cadre de cette assemblée générale de l’UNEF, prolongée pour ne pas dire tardive, télévisée ce 25 janvier, sous prétexte de débattre en vue du deuxième tour des primaires de la Belle alliance populaire.

En fait ce courant d’idées ne remet donc pas seulement en cause ce qu’on appelle la gauche de gouvernement. Comme dans la chanson de Renaud il n’aime pas le travail, la justice et l’armée.

Certains pensent peut-être le problème entièrement nouveau. Déjà en 1899 Rosa Luxembourg concluait un article sur le cas Millerand : « L’entrée des socialistes dans un gouvernement bourgeois n’est pas comme on le croit, une conquête partielle de l’État bourgeois par les socialistes, mais une conquête partielle du parti socialiste par l’État bourgeois. »  (2)⇓

Elle répondait à deux articles de Jaurès dans La Petite République.

Ne disons pas que Benoît Hamon n’innove en rien. Il promet par exemple « une police des discriminations »… Ce progrès-là il ne le démentira jamais.

Une légère contradiction semble lui avoir échappé à lui et aux commentateurs, rapporteurs, intervenants et autres radioteurs dont les références ont accablé le débat.

Dire que le travail irait en se raréfiant fait partie de la panoplie ordinaire des pseudo-futuristes. Cet étrange argument fait du travail sinon une denrée ou une matière première, une ressource minière en quelque sorte. Or, prétendre que le besoin de travail n’existerait plus cela revient à dire que nous serions dans la société d’abondance, ce que démentent chaque jour les informations en provenance des favelas, des bidonvilles ou du Sahel. M. Hamon ou ses supporteurs ont-ils entendu parler des personnes âgées en grande dépendance ? Ils ne manquent probablement eux-mêmes jamais de lait : savent-ils comment et à quelle heure des éleveurs laitiers ont la gentillesse de traire les vaches pour eux ?

Les besoins des hommes en biens et services à travers le monde sont encore immenses.

Les pseudo-futurisme de gauche pense y répondre par l’utilisation des robots. Mais pour y pourvoir avec des robots encore faudra-t-il concevoir, construire et commander ces robots. Il est vrai que sur ce terrain M. Hamon ne sera pas d’un grand secours.

Signature

 

JG Malliarakis

Apostilles

  1. Les trois volumes sont édités dans la collection Climats chez Flammarion. ⇑
  2. cf Cahiers de la Quinzaine, n° 11, 1899⇑

Le rêve de Polo

Paul Légier

Paul Légier est sculpteur. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire ici même tout le bien que je pensais de son travail dans son magnifique atelier du Chemin des Jarres au fond du Vallon des Fleurs (voir mon billet du 2 mai 2014).

Comme beaucoup de Niçois, Paul a été touché par l’attentat du 14 juillet : ce soir-là il a perdu trois membres de sa famille. Meurtri, c’est en artiste qu’il a réagi en imaginant et en réalisant des oiseaux blancs mi-oiseaux, mi-fantômes qui au bout de tiges transparentes s’envolent dans le ciel d’Azur : « Le rêve de Polo ».

Concrètement, il s’agit de quinze colonnes de 2,5 m qui chacune servent de support à une gerbe de 5 ou 6 oiseaux symbolisant les victimes. Bien sûr l’œuvre a pour vocation d’épouser la courbe de la baie sur la Promenade des Anglais.

Ce vendredi, lors d’une rencontre très chaleureuse, Polo nous a présenté son rêve. À nous de l’aider à le concrétiser. Que ce modeste billet soit compris comme une pièce à l’édifice.

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29/1/2017 : le PS se saborde, Federer se sublime

La droite a eu son accident industriel avec Fillon, la gauche aura le sien avec Hamon, apparatchik pur sucre converti au revenu universel. Les électeurs du PS ont donc choisi la gauche de la gauche pour les représenter à la présidentielle.

Si vous ne voulez pas de l’extrême droite, de la droite ultra-libérale, de l’extrême gauche ou de la gauche de la gauche, le choix se restreint. Les candidatures susceptibles de convenir à un électeur social-démocrate partisan d’une gauche de gouvernement ne sont pas légion, c’est le moins qu’on puisse dire. Faites le compte !

Bon ne boudons pas notre plaisir : ce dimanche 29 janvier 2017 rentrera dans l’histoire comme celui qui nous aura révélé que la longévité de Roger Federer était bien supérieure à celle du PS.

Cela dit un type qu’on disait fini qui revient au premier plan après six mois d’arrêt dus à une blessure, cela peut éventuellement donner des idées aux « blessés » de la primaire ! Sacré Fed !

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2017: laïque et de gauche, ça va être compliqué !

Le moins qu’on puisse dire est que le candidat du PS a des positions ambigües sur la laïcité. Probablement pas par conviction personnelle car il a dans le passé livré quelques combats avec Caroline Fourest, mais certainement par électoralisme (il est député de Trappes en banlieue parisienne). C’est ainsi qu’on a pu s’étonner de la tiédeur – doux euphémisme – de sa réaction par rapport aux patrons de cafés qui interdisent leurs établissements aux femmes. Plus grave encore son porte-parole (notons la symbolique du titre), Alexis Bachelay, est proche du CCIF, cette officine qui considère qu’être laïque c’est être islamophobe. Et le porte-parole en question n’a pas trouvé mieux que d’organiser le jour anniversaire du massacre de Charlie un meeting avec le CCIF… contre l’état d’urgence. On comprend mieux la discrétion de Hamon sur le sujet pendant les débats. Mais l’examen géographique des votes pour la primaire (à Nice c’est très clair !) montre que la désinformation laïcité = islamophobie a été payante électoralement au détriment de Manuel Valls. Pour les Présidentielles ce sera probablement une autre paire de manches !

Mais si on ajoute à ce positionnement désastreux la traditionnelle complaisance de l’extrême gauche pour l’islamo gauchisme, le suivisme d’une grande partie des Verts en la matière et le fait qu’on considère – même si son programme n’est pas encore finalisé en la matière – Emmanuel Macron comme un communautariste libéral à l’anglo-saxonne, on peut se dire que pour un homme de gauche qui estime que dans le contexte actuel la laïcité est la mère de toutes les batailles, le choix ne va pas être simple. Il consistera certainement à choisir le moins pire.

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Le chagrin des Belges

Alabama Monroe

« Le chagrin des Belges » est le titre d’un roman initiatique de l’écrivain flamand Hugo Claus publié dans les années 80. Son titre pourrait illustrer à merveille les quelques remarquables mais désespérantes oeuvres cinématographiques belges que j’ai vues un peu par hasard ces dernières semaines.

Tout d’abord, deux films d’un réalisateur extrêmement doué (et extrêmement désespéré) Felix Van Groeningen.

Alabama Monroe : le film qui a reçu le César du meilleur film étranger en 2014 raconte l’histoire de Didier et Elise : il est chanteur de country dans les bars de province, elle est tatoueuse. De leur relation fusionnelle va naître une petite fille Maybelle qui tombera très vite gravement malade… Le petit monde marginal d’Alabama Monroe est attachant mais l’atmosphère générale et les couleurs sombres annoncent le malheur comme la nuée l’orage.

Belgica : Jo et Frank sont frères. Le premier, borgne, est célibataire et entreprenant, le second, bel homme, est père de famille et faible. Ils décident de gérer ensemble un bar à la mode « Le Belgica ». Mais après un succès foudroyant, l’établissement va connaître, surtout à cause des inconséquences de Jo, incidents et difficultés qui vont mettre à mal les relations entre les deux frères. Cette fresque de 127 minutes est un véritable chef d’œuvre, une sorte de « A l’Est d’Eden » d’outre Quiévrain . Bouleversant mais pas franchement désopilant.

Au delà de ces deux films on peut également parler de la saison 1 d’une série produite par la chaîne TV belge « La Une ». Il s’agit de La trêve un polar provincial et poisseux réalisé par Stéphane Bergmans. Dans une petite ville des Ardennes, un jeune footballeur africain est assassiné. L’enquête de Peeters, un inspecteur bien cabossé par la vie, va révéler, un peu à la manière de l’inoubliable Twin peaks, tout un tas de misérables secrets et de turpitudes avérées dans une ville apparemment sans histoire. On ne sort pas indemne de cette enquête (quête ?) qui a pour décors des paysages magnifiques mais d’une froideur absolue. Peut-être la série du moment (meilleure série francophone en 2016).

Nous sommes loin d’Annie Cordy, des baraques à frites et des moules de Léon, mais ces œuvres sont belles comme des tragédies antiques. La Belgique, avec sa complexité et ses contradictions comme métaphore d’un monde qui ne va pas très bien, pourquoi pas ?

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[SCOOP] Fin des négociations pour les élections législatives entre LR et UDI

Ajout 29/01 à 11h20:

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[Ajout 28/01 14h55: démenti par SMS simultané de l’UDI et de LR. Mais François Fillon et Jean-Christophe Lagarde se rencontrent tout à l’heure, donc ce vendredi bien fin des négociations, puis conclusion de l’accord ce samedi…]

LR-UDI.png

Les choses s’accélèrent à droite.

Selon mes informations, les âpres négociations pour les élections législatives entre Les Républicains et l’UDI ont été bouclées ce vendredi 27 janvier. Ou tout au moins « c’est achevé autant que cela puisse l’être« , me souligne-t-on.

Pas moins de 90 candidats UDI seraient soutenus par LR, un chiffre qui se situe dans la fourchette haute des ambitions de l’UDI (25 circonscriptions avec députés sortants UDI et 61 nouvelles).

Deux interprétations possibles:

– cet accord intervient dans le temps normal des négociations entre les deux partis, les négociateurs UDI ayant été particulièrement efficaces.

– cet accord a été accéléré dans un double contexte:

1. l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits » après un article du Canard Enchaîné soupçonnant l’épouse de François Fillon d’emplois fictifs.

L’hypothèse serait que LR aurait beaucoup lâché à l’UDI afin d’obtenir un accord avant le véritable lancement de la campagne présidentielle de François Fillon, ce dimanche 29 janvier à l’occasion d’une grande réunion publique à Paris, Porte de la Villette; de fait, il s’agirait d’une bonne occasion de l’annoncer publiquement!

2. l’attrait d’Emmanuel Macron, candidat de centre gauche, auprès de l’UDI, parti de centre droit. Si l’UDI n’a pas participé à la primaireLR-PCD-CNIP, au surlendemain de celle-ci son bureau exécutif a qualifié François Fillon de « candidat légitime de l’opposition » dans l’attente d’un accord de gouvernement sur un projet entre les deux partis.

« Ce projet fera l’objet d’un débat dans nos fédérations en janvier et sera soumis au vote du conseil national et d’une consultation des militants début 2017« , précisait la motion.

On y est justement.

D’après mes recoupements – je précise: non confirmés par les deux partis (notamment la 8e circonscription de l’Essonne avec sortant DLF et la 4e de Vendée avec sortante MPF) – voici 83/85 des 90 candidats UDI probablement soutenus par LR:

LEG-2017-UDILR1.png

Parmi les cinq ou sept autres circonscriptions où un accord est possible se trouvent la 1re des Deux-Sèvres (le maire UDI de Niort, Jérôme Baloge, serait aussi soutenu par LR s’il est candidat), la 8e des Yvelines ainsi que les cas locaux particuliers de la Nouvelle-Calédonie (deux députés UDI sortants) et de la Polynésie française (deux députés UDI sortants, un député LR sortant mais ex-UDI).

La 21e circonscription du Nord est réservée pour l’UDI mais le député sortant, le borlooiste Laurent Degallaix, a perdu l’investiture pour s’être rapproché d’Emmanuel Macron.

Tant que l’accord n’est pas officiellement rendu public, des ajustements sont bien entendu encore possibles à la marge (se pose en outre la question des députés sortants à la tête d’un exécutif local qui n’ont toujours pas choisi entre ces deux mandats).

Dans beaucoup de circonscriptions – essentiellement jugées non gagnables – un candidat LR et un candidat UDI s’affronteront. Ceci en raison des règles de financement des partis politiques:

– la moitié de l’aide publique dépend du nombre de voix obtenues au premier tour des législatives (rappel: le financement public de l’UDI est actuellement dispersé entre ses composantes).

– la parité commande de présenter autant de femmes que d’hommes sous peine de sanctions financières.

Voici la liste possible de 225 primaires de premier tour entre LR et UDI:

LEG-2017-UDILR2.png

Dans la 3e circonscription de Loire-Atlantique, un candidat UDI (François Fedini) et deux candidats LR en attente d’une investiture officielle (Rozenn Hamel, pré-investie, et Mathieu Annereau).

L’enjeu pour l’UDI n’est pas mince: il s’agit, en cas d’alternance, de rééquilibrer le rapport de force à droite afin de revenir à ce qu’il était autrefois entre l’UDF et le RPR. L’infographie suivante montre toutefois combien la tâche s’annonce ardue: